Flattahulf, Smoltex & Bordeluggi, lettre B
Bachiclette (Faire une bachiclette) : n. f. : Au volant de son véhicule, faire une bachiclette consiste à soulever discrètement une fesse (la droite ou la gauche, selon le penchant de chacun), afin de favoriser une correcte évacuation des gaz.
Balargoufiture n. f : Petite monnaie dispersée sur l’asphalte par les automobilistes ratant le réceptacle du péage, qui fera le bonheur des employés de la société d’autoroute à la fin de leur service.
Bapmup n. m. : L’affligeant jdug-jdug du néon défectueux qui vous clignote sur la tronche par intermittence.
Barjaillons n. m. pl. : Ensemble des documents administratifs incompréhensibles dont l’importance est proportionnelle au degré d’inextricable opacité du jargon employé. (Voir aussi Vlurpiage et Xültrino).
Pour nos amis friands du barjaillon qui déchire sa race, voici un grand classique : le bien nommé Article 221 bis du code général des impôts, section VI, loi nº 89-936 du 29 décembre 1989 art. 16 II 2, III 2 finances rectificative pour 1989 – Journal Officiel du 30 décembre 1989 – modification directe incorporée dans l’édition du 15 juin 1990 :
» La première condition n’est pas exigée des entreprises lors de leur option pour le régime prévu à l’article 208 C pour leurs immobilisations autres que celles visées au IV de l’article 219, si elles prennent l’engagement de calculer les plus-values réalisées ultérieurement à l’occasion de leur cession d’après la valeur qu’elles avaient, du point de vue fiscal, à la clôture de l’exercice précédant l’entrée dans le régime. » C’est beau. On dirait du veau.
Bibagoule n. f. : La saveur un peu glauque du champagne tiède éclusé dans un gobelet en plastique avec les collègues de bureau. Par extension, peut s’appliquer à la sapidité baroque de toute une catégorie peu glorieuse d’aliments frelatés, comme la bouillabaisse en tube ou l’aïoli en apéricubes.
« Ce fut un pot de départ à la retraite princier et bellissime, un moment de grâce et de suavité dont Jean-Romuald se souviendrait longtemps. Tout se mêlait en une alchimie parfaite pour parfaire l’archétypale allégorie de la perfection incarnée sur Terre : le mousseux éventé dans les gobelets en plastique blanc de la machine à café, impeccables pour exalter ce si déprimant goût de bibagoule blafarde, les crackers rances et mollasses si joliment disposés dans les assiettes en carton sur un coin de bureau, le coucou des Vosges à piles en vrai faux bois made in Taiwan pour lequel les collègues s’étaient cotisés, et même les gloussements des pré-ménopausées de l’étage devant les vannes grasses de monsieur Jean-Elvis, le dégarni sous-responsable en chef du service contentieux. «
Bitrölex n. m. : Remuage, tapotage d’un vêtement, sac, cartable, attaché-case, pour détecter le cliquetis qui confirmera la présence du trousseau de clés recherché.
Blablaoujmürg n. m. : Mouvance radicale de trash-métal pompidolien joué par d’hystériques phocomèles hirsutes. Malheureusement trop peu connue du grand public.
Blablaoujmürk n. m : Mouvance radicale de trash-métal balladurien joué par d’hystériques phocomèles hirsutes. Malheureusement trop peu connue du grand public (elle aussi).
Blabzaïoule n. f : Freinage généralisé communément constaté à l’approche d’un radar fixe, à la différence de la vexovine, accélération généralisée habituellement relevée après le franchissement dudit radar.
Et si d’aventure vous vouliez briller dans les soirées branchées en alléguant que vexovine et blabzaïoule n’ont aucun secret pour vous, allez donc potasser le décret n° 2004-1330 du 6 décembre 2004 du Journal Officiel n° 284 du 7 décembre 2004, relatif aux sanctions en matière de dépassement des vitesses maximales autorisées.
Blaxisme n. m : Curieux débrayage psychique tendant à prendre une chose pour un objet et inversement, comme tenter de passer un coup de fil urgent à l’aide d’une saucisse de Strasbourg. Ça n’a aucun intérêt. Vous aurez les doigts gras et n’entraverez que dalle à ce que vous raconte le mec de l’autre côté de la saucisse.
Blaxtafiolle n. f. : Confusion empreinte d’indétermination et d’embarras. Exemple, lorsqu’il s’agit de statuer dans l’instant si l’on doit serrer la main ou faire la bise à une personne nouvellement arrivée dans un groupe .
Il est à noter que certains prescripteurs de Vérité, installés de toute éternité dans la posture avantageuse confite de certitudes rassises du donneur de leçons de service, ont décrété un beau matin que la blaxtafiolle pouvait par bien des côtés s’assimiler au blüxtendøy (voir ce terme).
N’en croyez pas un mot. C’est beaucoup plus compliqué que ça.
Blaxtéoule n. f. : Nom donné à la torsion plus ou moins importante de boyau qui sépare chaque saucisse sur un chapelet. Par extension, ce terme évocateur a donné son nom au si pénible Syndrome colopathique fonctionnel de blaxtéoule abdominale profuse.
Blexte-blexte murgéoule n. f. : Fâcheuse tendance que prennent certains trousseaux de clés à se planquer tout seuls dans les endroits les plus inusités. Juste pour emmerder le monde. (Voir Bitrölex).
Blublu n. m. , grüttemurge n. f. , ou burpex n. m. : Infinitésimale exophtalmie occasionnée par le blocage soudain d’une éructation inopportune.
» Jean- Sigismond avait consacré la plus grande partie de son existence à tenter de percer le secret de l’imperceptible burpex qu’il avait cru un jour déceler sur le visage de la Joconde. «
L’incroyable saga héroïque de Jean-Sigismond, épisode XXVII : » Jean-Sigismond n’a vraiment rien d’autre à foutre « .
Blugniole n. f. : Petit emmerdement de la vie courante qui n’existait pas au siècle dernier, comme par exemple, le fixe qui se met à sonner en même temps que le portable.
Blurgnette n. f. : Insignifiante somme d’argent défalquée à dessein du prix rond d’un article, dans l’espoir qu’ un couillon la trouvera de ce fait bon marché.
» Comment ça ? 99,99€ seulement le slip à l’effigie de Benoît XVI ? Quelle bonne affaire ! Pour la peine, je vais en prendre deux, se dit Jean-Sigismond, ne se doutant pas un seul instant qu’il avait été victime de la blurgnette qui tue. « , L ’incroyable saga héroïque de Jean-Sigismond, épisode XXVIII : » Jean-Sigismond se fait entuber dans une supérette « .
Blutrexage n. m. : Exaspérant comportement du pointeur de la souris qui se barre de manière totalement erratique d’un bout à l’autre de l’écran sans qu’on lui ait rien demandé.
Blüxtendøy n. m. (ou ptoxule n. f.) : Faux-ami bien connu de la blaxtafiolle, le blüxtendøy (ou ptoxule), n’est en fait rien d’autre que l’abyssal sentiment d’incertitude désespérée proche de l’aboulie, qui vous broie pour rien devant un choix dramatique aux conséquences totalement insignifiantes. Exemple : dans quel sens vais-je tourner ma cuillère dans le café ? Dans le sens des aiguilles d’une montre, ou dans le sens inverse ? Arrgh.
Bordeluggi n. m. : Technique d’urgence consistant principalement en un vidage précipité de son sac en vrac sur la table, pour extirper au plus vite ce putain de portable qui sonne sans discontinuer depuis une minute trente.
Boullutrage n. m. : Mode de déplacement utilisé par certains qui se croient malins, consistant à se déplacer à toute vitesse d’un point à l’autre du bureau tout en restant assis sur leur siège à roulettes.
» Grand adepte du boullutrage à outrance, Jean-Théophraste pouvait rester des journées entières à zigzaguer dans tous les coins et recoins du service contentieux, sans lever une seule seconde le cul de son vieux fauteuil de skaï élimé. »
Boungawax n. m. : Documentaire improbable dans le genre » Traque au phacochère musqué dans le Nord des Carpates au dix-septième siècle « , qu’on mate à 3 heures du matin dans un état second, en se demandant si le moment qu’on est en train de vivre est bien réel.
» […] car, toujours à l’affût de sensations nouvelles, Jean-Phlegmon n’hésitait jamais à mettre le réveil au beau milieu de la nuit pour se taper un de ces bons vieux boungawax en noir et blanc de la troisième chaîne albanaise […] « .
Boulbèk adj. : (Se sentir un peu boulbèk, loc. verb.) Ne plus vraiment se rappeler où on a garé sa voiture sur le parking de la zone commerciale, et partir à sa recherche, vaguement inquiet et confusément mal à l’aise.
Boumiette n. f. : Nom donné à la dernière baguette à la boulangerie, alors qu’il y a un mec devant vous dans la queue.
Bragoulure n. f. : Sauce du hamburger qui gicle sur les côtés quand on le mord. A ne pas confondre avec la bragoulette n. f., la crème pâtissière qui s’échappe du millefeuilles facétieux qui va s’ouvrir en deux à la première bouchée.
Braille-murgèou n. f. : Odeur persistante de fumée de clopes et autres, imprégnant les vêtements froissés de lendemain de bringue.
Brolli n. m. : Bague devenue impossible à retirer du doigt.
Broumagoule n. f. : Goût si particulier de l’eau d’une bouteille ouverte depuis trois mois.
» Broumagoule samedi, cagarelle le dimanche » (poncif éculé cent fois ressassé).
Broumarèou n. m. : Eau des fleurs qui commence à sentir le rat mort au bout d’une semaine. (Pouacre- broumarèou n. m. : même chose, mais avec une peau duveteuse qui se forme à la surface.)
Broumégeade n. f. : Propos brillant et définitif qui vient à l’esprit cinq minutes après la fin d’un entretien important avec un supérieur. Rageant.
Broume-troulladenx n. m. : Phénomène physique aboutissant à ne plus rien voir d’un coup en rentrant dans une pièce chauffée, à cause des lunettes qui se couvrent instantanément de buée. Et n’allez pas croire les esprits exaltés qui définissent le broume-troulladenx par le terme improbable de » condensation par refroidissement isobare « . Ils se trompent.
Broustiflette n. f. (ou bitenclume n. f.) : Variété incapacitante de priapisme balnéaire, consistant en une érection inopinée obligeant l’impétrant à patienter un
temps plus ou moins long à plat ventre sur la plage, en appelant de ses vœux un salvateur reflux de raideur.
» Ne parvenant pas à faire entendre raison à une broustiflette impromptue autant qu’irrédentiste, Jean-Gédéon dut se contraindre à passer une partie de l’après-midi à rissoler bêtement au milieu du boucan ambiant, face au sourire niais d’une bouée-canard à demi-dégonflée. » Extrait du script de Pyélonéphrite à Oulan-Bator (film d’horreur pour urologues).
Brouzzigon n. m. : La si particulière alchimie des fragrances de boustifaille amalgamées qui se répandent dans les cages d’escalier d’immeuble entre douze heures quinze et douze heures quarante-cinq.
Burgniol-schlicature n. f. : Sensation étrange de percevoir avec une fraction de seconde d’avance que le téléphone va sonner. Avouez-le : vous aussi, vous avez été burgniol-schlicaturé au moins une fois dans votre vie.
Bzéoulette n. f. : La lancinante stridulence vespérale du moustique à deux centimètres de l’oreille dans le silence de la nuit.
Bzouïtre n. f. : Marque en creux des plis des draps imprimée au réveil sur la face, la bzouïtre allant souvent de pair avec le bloléol n. m., empreinte du visage du dormeur sur le traversin qu’il vient de quitter. (Non, je vous vois venir, ne comptez pas sur moi pour évoquer ici le fameux Bloléol de Ravel.)